Projet Vin'Eau

Économies d’eau dans les caves vinicoles : enjeux et solutions

Home /

Sans eau, pas de vigne, pas de vin. Cette affirmation, qui peut sembler triviale, traduit une réalité implacable : l’eau est indispensable à chaque étape de la production de vin, depuis la culture du raisin jusqu’au refroidissement des cuves de vinification.

 

Pourtant, dans un contexte de changement climatique marqué par des sécheresses récurrentes et une pression croissante sur les nappes phréatiques, cette ressource devient de plus en plus rare et chère.

 

Les caves viticoles françaises sont aujourd’hui confrontées à un double défi : réduire leur consommation d’eau sans compromettre la qualité du vin, tout en valorisant au mieux leurs effluents pour limiter leur impact environnemental.

Cet article propose une analyse détaillée des sources de consommation, des solutions d’économie d’eau, du rôle des eaux non conventionnelles et présente le projet Vin’Eau, une initiative pilote portée par les vignerons coopérateurs du Vaucluse.

D’où vient la consommation d’eau dans une cave viticole ?

La consommation d’eau en cave est très variable. Certaines grandes installations parviennent à produire un litre de vin avec à peine un litre d’eau, tandis que de plus petites structures, parfois moins équipées, peuvent en consommer jusqu’à dix.

 

En moyenne, on estime qu’il faut entre deux et quatre litres d’eau pour produire un litre de vin, mais ces chiffres cachent une grande disparité selon les pratiques (source : IFV).

 

L’essentiel des volumes est utilisé pour les opérations de nettoyage. L’eau sert à rincer les cuves, les canalisations, les filtres, ou encore les sols. Chaque transfert de vin, chaque soutirage ou mise en bouteille impose un protocole d’hygiène précis, qui se traduit par des dizaines, voire des centaines de litres d’eau mobilisés. Ce poste représente à lui seul jusqu’à 90 % de la consommation totale.

 

La phase de vinification constitue un autre point clé : pour maintenir la température des moûts et éviter toute dérive aromatique, il faut refroidir les cuves, souvent au moyen d’un système en eau courante. Enfin, la mise en bouteille mobilise elle aussi des volumes significatifs, puisque chaque bouteille doit être rincée et que les tireuses doivent être stérilisées.

 

Au-delà de ces usages directement liés à la vinification, les caves consomment aussi de l’eau pour des besoins annexes : eau chaude sanitaire, lavage des quais de déchargement du raisin ou encore usages domestiques comme les douches du personnel.

Cette diversité d’usages explique pourquoi la gestion de l’eau dans une cave ne peut pas se réduire à une action unique. C’est l’ensemble des pratiques qui doit être repensé pour tendre vers plus de sobriété.

Bonnes pratiques pour économiser l’eau dans les caves vinicoles

La première étape vers une gestion plus raisonnée de l’eau consiste à mesurer les consommations réelles. De nombreuses caves ne disposent pas de sous-compteurs par atelier et ne savent donc pas précisément où part leur eau. Installer des compteurs, suivre les relevés et comparer les résultats permet de repérer rapidement les postes les plus gourmands et de détecter les fuites, qui peuvent représenter jusqu’à un cinquième des volumes.

 

Le nettoyage à sec est un levier simple et efficace : balayer ou racler les résidus avant de rincer permet de diviser par deux la quantité d’eau nécessaire. Le recours à l’eau chaude, autour de 50 °C, améliore l’efficacité du lavage et évite parfois l’utilisation de produits chimiques, supprimant ainsi l’étape de rinçage. L’utilisation de canons à mousse apporte aussi un gain important : en prolongeant le temps de contact du détergent et en rendant visible l’avancée du lavage, ils permettent de réduire le volume d’eau utilisé tout en améliorant la qualité du nettoyage.

 

Des équipements adaptés renforcent ces pratiques : cuves aux parois lisses et inclinées, tuyauteries courtes et démontables, buses rotatives de lavage, arrêts automatiques sur les flexibles pour éviter les écoulements inutiles. À l’échelle organisationnelle, planifier les nettoyages pour enchaîner plusieurs opérations avant de lancer un cycle complet est aussi une manière de réduire les volumes.

 

Pris individuellement, chacun de ces gestes peut sembler mineur. Mais cumulés, ils permettent de réduire la consommation d’eau de 20 à 30 % sans investissement lourd.

Economies d'eau dans les caves vinicoles : mobiliser les eaux non conventionnelles

Au-delà des économies directes, un enjeu majeur réside dans la mobilisation des eaux dites non conventionnelles. Ce terme recouvre toutes les ressources qui ne proviennent pas du réseau d’eau potable ou de forages traditionnels.

 

Les eaux de rinçage (eaux de processus recyclées) constituent un premier gisement intéressant. Peu chargées, elles peuvent être réutilisées pour des lavages grossiers comme le nettoyage des sols ou un premier rinçage des cuves.

 

Les systèmes de nettoyage en place (NEP ou CIP) permettent de recycler plusieurs fois les solutions de lavage, de doser précisément les produits et d’automatiser les cycles. L’agroalimentaire les utilise déjà largement, et leur adaptation aux caves viticoles représente un potentiel considérable.

 

Les effluents plus chargés nécessitent un traitement avant réutilisation. Décantation, filtration, membranes (microfiltration, ultrafiltration, osmose inverse), désinfection par UV ou ozonation : ces solutions assurent une qualité suffisante pour des usages sensibles. Des procédés plus rustiques comme les filtres plantés de roseaux ou les lagunes aérées transforment également les effluents organiques en ressource utile, par exemple pour l’irrigation des vignes.

 

La récupération des eaux de pluie est un autre levier puissant. Les toitures des caves offrent une surface utile importante et, après un simple prétraitement, cette ressource peut être valorisée pour l’arrosage, le lavage des sols ou l’alimentation des toilettes.

 

Ces solutions permettent d’imaginer des caves fonctionnant en boucle fermée, où chaque litre d’eau est utilisé, valorisé et réutilisé avant de devenir un déchet.

eau de pluie récupération caves viticoles

Le Projet Vin’Eau : préserver l’eau pour la production de vin

Face à ces enjeux, les vignerons coopérateurs du Vaucluse ont choisi d’agir collectivement. La Fédération des Caves des Vignerons Coopérateurs de Vaucluse a lancé en 2024 le projet Vin’Eau, en partenariat avec Alliance Environnement.

 

Ce programme mobilise une trentaine de caves coopératives, représentant plus de 3 000 vignerons et une production annuelle de 1,2 million d’hectolitres. Son objectif est clair : réduire les prélèvements en eau potable et en forage, optimiser les procédés, valoriser les effluents et créer des boucles locales d’économie circulaire.

 

La démarche s’appuie sur plusieurs étapes : diagnostic des consommations, expérimentation dans cinq caves pilotes, études de faisabilité technique et économique, mise en œuvre opérationnelle et diffusion des bonnes pratiques.

 

Au-delà des caves elles-mêmes, Vin’Eau ambitionne de transformer la filière dans son ensemble en créant un réseau d’acteurs engagés et en produisant des données utiles pour faire évoluer la réglementation.

La démarche vous intéresse ? Contactez-nous !

Conclusion

L’eau est au cœur de la production de vin, mais elle est aussi l’un des points de fragilité de la filière.

 

Dans un contexte de changement climatique, les caves viticoles doivent apprendre à consommer moins et mieux. Les solutions existent : mesurer et traquer les fuites, optimiser les lavages, moderniser les équipements, recycler les effluents, mobiliser les eaux de pluie. Chacune de ces actions contribue à réduire la dépendance à l’eau potable, à diminuer les rejets et à renforcer la résilience des territoires.

 

Vous souhaitez en savoir plus, participer à la démarche ou mettre en place des solutions dans votre cave ? Contactez-nous dès aujourd’hui et rejoignez le mouvement Vin’Eau !

Foire aux questions

L’eau est utilisée pour de nombreuses opérations : nettoyage et des cuves et des canalisations de transfert, refroidissement des moûts, rétrolavage des filtres et mise en bouteille.

Elle est essentielle pour garantir l’hygiène et la qualité du vin.

Environ 70 à 90 % de l’eau est consommée pour le nettoyage et la désinfection. Les autres postes incluent le refroidissement des cuves, le fonctionnement des pompes à vide, le rinçage des bouteilles et des usages annexes comme l’eau chaude sanitaire.

Le nettoyage à sec, l’utilisation d’eau chaude, les canons à mousse, la détection des fuites ou encore la planification des lavages permettent d’économiser entre 20 et 30 % d’eau sans investissements lourds.

Il s’agit d’eaux alternatives comme les eaux de rinçage, les effluents traités ou encore l’eau de pluie. Grâce à des traitements adaptés (filtration, membranes, UV, filtres plantés), elles peuvent être réutilisées pour certains lavages ou pour l’irrigation des vignes.

Porté par la Fédération des Caves Coopératives du Vaucluse, le projet Vin’Eau vise à réduire la consommation d’eau potable, recycler les effluents, valoriser l’eau de pluie et mettre en place des boucles locales d’économie circulaire pour inspirer l’ensemble de la filière viticole.

Nos actualités

Tensions sur la ressource en eau dans le Vaucluse : contexte et défis

Tensions sur la ressource en eau dans le Vaucluse : contexte et défis

Le Vaucluse, département viticole emblématique, fait face à une pression croissante sur ses ressources en eau. Entre sécheresses, prélèvements agricoles élevés et demande estivale accrue, la gestion de l’eau est devenue un enjeu stratégique. Pour y répondre, la Fédération des Caves des Vignerons Coopérateurs de Vaucluse (FCVCV) a lancé, avec le soutien de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, le projet Vin’Eau.

Économies d’eau dans les caves vinicoles : enjeux et solutions

Économies d’eau dans les caves vinicoles : enjeux et solutions

La viticulture fait face à un défi : réduire sa consommation d’eau sans compromettre la qualité du vin. Entre nettoyage, refroidissement et mise en bouteille, chaque litre doit être optimisé. Bonnes pratiques, recyclage interne et mobilisation des eaux non conventionnelles offrent des solutions concrètes. Avec le projet Vin’Eau, les caves coopératives du Vaucluse montrent la voie d’une viticulture sobre et durable.

On en discute ?